Face au mur

Publié le par Martine

Face au mur

Un soir de gros orage dans les Pyrénées Atlantiques, Anna demande à son amie Maria de l'accompagner en voiture et roule jusque chez un certain Mondin. Sans lui expliquer pourquoi ce soir-là, par temps de grosse pluie et de risque d'inondation, ni ce qu'Anna attend de cet homme en étant tétanisée par la peur.

J'ai lu cette nouvelle "Face au mur" de Fabienne Rivayran, parue dans la collection Noire Soeur chez Ska éditeur hier soir. Et depuis, elle ne me quitte pas. Je l'ai dans la tête. Je la porte en moi comme un cri en direction de toutes ces femmes victimes de la force et de la violence des hommes. Peut-être parce qu'une de mes dernières lectures aborde ce sujet, peut-être parce que c'est une question de société, difficile, dont on sait qu'elle existe mais dont on a encore beaucoup de mal à parler.

Car ce qu'on apprend au fur et à mesure que ce récit avance, c'est que, deux ans avant ce fameux soir, cet homme, Mondin, a abordé Anna à la tombée de la nuit au moment où elle chargeait les colis à livrer à ses clients, qu'il l'a neutralisé dans son magasin, qu'il a joué avec sa peur avant de lui faire violence.

Ce que Mondin nie d'un bloc, allant même jusqu'à accuser directement son frère décédé quelques mois plus tôt, créant ainsi le doute dans l'esprit d'Anna et tentant de garder ce crime odieux impuni.

Je ne vous dirai pas comment se termine cette nouvelle pour ne pas casser le rythme et le ton que lui a insufflé Fabienne Rivayran.

Je me contenterai de vous dire que ce sujet ô combien difficile est traité avec une grande justesse et authenticité. Sans jamais tomber dans le mélo, Fabienne Rivayran y démontre une belle sensibilité, faite de sincérité et de pugnacité. Et si Mondin, ce soir-là, se retrouve acculé, "Face au mur", le hasard n'y est pour rien. Parce qu'il y a des moments dans la vie où ça ne sert plus à rien de jouer la comédie, de faire semblant, et qu'il faut aussi savoir se prendre par la main et avoir le courage d'affronter ses peurs et sa réalité. Simplement pour ne pas sombrer et espérer retrouver le goût et l'envie de vivre.

Et c'est cette force, ce courage qu'Anna nous offre comme un cadeau, magnifique et bouleversant.

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P
Tu as eu le courage de le lire... rien qu'en lisant ta critique, l'angoisse m'étreint ! Cela fait un certain temps que je voudrais mettre des articles sur le blog pour alerter rapport à une autre forme de violence... mais je ne sais pas si je dois, comment cela va être perçu, si j'ai suffisamment de force pour cela... etc... Pourtant ce n'est pas moi la victime, mais une personne très proche...<br /> Gros bisous, chère Martine, et bonne semaine à toi ;-)
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M
Je pense qu'il faut en parler. A travers une lecture est peut-être un moyen de le faire sans risque de heurter la personne à qui on pense. Je t'embrasse très fort, ma chère Denise. Bon courage!
F
Martine, merci de tout coeur pour cet avis de lecture qui éclaire ma fin de journée!
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M
J'en suis ravie! Merci Fabienne!