La transbordeuse d'oranges

Publié le par Martine

la transbordeuse d'oranges

 

Dans ce roman paru aux Presses de la Cité dans la collection Terres de France, Hélène Legrais redonne vie à un métier aujourd’hui disparu et qui était essentiellement dévolu aux femmes, celui de transbordeuse d’oranges.

En 1905, à Cerbère prés de la frontière espagnole, c’est là que se situe la première gare qui signale la véritable frontière entre l’Espagne et la France créée par la différence d’écartement des voies entre les deux pays voisins. Cette différence de quelques centimètres obligeait alors les passagers à changer de train pour voyager d’un côté ou de l’autre de la frontière franco-espagnole mais également à décharger les marchandises d’un train à un autre pour pouvoir continuer à les transporter. C’est ce « déchargement-rechargement » qui a alors donné naissance à ce travail de transbordement résolument effectué par des femmes et notamment pour transborder les fameuses oranges d’Espagne ! Rosette est l’une de ces transbordeuses, recrutée par sa marraine Pauline au grand dam de son père Sauveur qui ressent une profonde aversion pour tout ce qui touche à la voie ferrée. Mais qu’importe pour la jeune fille ! Très vite, elle sympathise avec la petite espagnole Amparo et, surtout, se prend d’un tendre sentiment pour Jacques, fils de son patron. Cette « sympathie » est d’autant plus mal perçue que les transbordeuses, en proie à de lourds griefs en lien avec leurs conditions de travail, s’en prennent à leurs employeurs et entament la première grève syndicale féminine du 20ème siècle.

Mêlant savamment les faits historiques avec la tendre histoire d’amour de Rosette et Jacques, Hélène Legrais nous offre un texte de toute beauté qui n’a d’égale que sa qualité d’écriture. Dosant avec doigté les faits réels à la fiction, l’auteur nous fait découvrir une page de notre Histoire quasi oubliée, voire inconnue du plus grand nombre, hormis peut-être les habitants de cette région des Pyrénées. En ce début du 20ème siècle, alors qu’aucun des deux conflits mondiaux ne sont encore survenus, les différences de classes sociales sont encore très prononcées et il ne viendrait à personne l’idée de « mélanger les torchons et les serviettes », mis à part la jeunesse de l’époque et les sentiments qu’elle a bien du mal à réprimer. Entre Rosette et Jacques, ils sont nombreux ceux qui veulent les empêcher de vivre leur tendre complicité, les obligeant ainsi à se séparer bien malgré eux ! On dit que l’amour triomphe toujours. Hélène Legrais semble s’inspirer et croire en cet adage. Jusqu’à quel point ? A votre tour à présent, lecteurs, de le découvrir…

 

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