Santo e Santino

Publié le par Martine

Santo e Santino

Ce week-end avait lieu le Marathon de lecture organisé par Samarian et Chicky Poo dans le cadre de leur sympathique challenge Il était cinq fois Noël. Bon. Je vous le dis tout de suite, le sport et moi, ça fait deux! En plus, avec le Marché de Noël de nos villes jumelles, à Bourg, j'ai eu un week-end plus que bien rempli. Mais l'envie de participer à ce défi lecture étant décidément la plus forte, je m'y suis lancée mais pour une petite promenade seulement. Et même una piccola passegiatta puisque ce défi je l'ai relevé en ... italien avec le recueil collectif "Storie di Natale" paru chez Sellerio Editore Palermo et acheté l'an dernier dans sa version e.book.

Sept nouvelles composent ce recueil. Sept nouvelles oscillant entre 40 et 50 pages signées (dans l'ordre de lecture) Andrea Camilleri, Giosue Calaciura, Antonio Manzini, Fabio Stassi, Francesco Cataluccio, Francesco Recami et Alicia Gimenez-Bartlett. Sept nouvelles, autant d'univers différents, autant d'histoires uniques sur le thème de Noël. Du plaisir à retrouver les écritures particulières de certains auteurs et d'en découvrir de nouvelles, c'est ce que m'a offert également cette lecture tout au long de ces deux derniers jours. Et le constat, toujours le même, que Noël en Italie a une saveur singulière que nous n'avons pas dans notre littérature française, sauf peut-être dans la littérature de terroir. Même si la dérision, l'ironie teintent parfois ces histoires, Noël reste toujours Noël, une fête magique, au caractère presque sacré. Et c'est ce côté-ci de cette fête de fin d'année qui m'émeut le plus, loin de la folie commerciale, de la recherche du cadeau toujours plus beau, toujours plus original, toujours plus cher aussi.

Si j'ai eu grand plaisir à retrouver l'écriture savoureuse de Camilleri et l'histoire de Tredicino, le 13e et unique enfant (après les décès successifs des douze premiers) d'un couple de pécheurs, devenu pécheur lui aussi et garant d'un secret transmis aux seuls qui le méritent, en cette fin de 19e siècle. Tredicino, l'unique, qui, par amour, va mettre sa vie en jeu pour cueillir la plus belle perle qui soit, logée au creux d'une huître insaisissable. J'ai aussi apprécié l'histoire d'Enzo, comédien abonné aux seconds rôles ou à ceux de figurant qui, faute de derniers cachets, va endosser pour le meilleur ou pour le pire le rôle de Père Noël, sous la plume de Manzini.

Du plaisir aussi à retrouver l'écriture poétique de Stassi, celle beaucoup plus cynique de Recami ou celle carrément borderline de Gimenez-Bartlett. Surprise aussi par l'histoire signée Cataluccio, qui nous invite à une petite croisière maritime jusqu'en Grèce. Une première et donc une découverte de cet auteur que j'espère bien relire à l'occasion!

Mais celle qui m'a le plus troublée, le plus émue est sans conteste la nouvelle "Santo e Santino" de Giosue Calaciura, un auteur que je découvre ici et qui possède une plume d'une grande sensibilité.

Santo, 13 ans, et Santino, 11 ans, sont frères et portent chacun le prénom de leurs deux grands-pères, maternel et paternel, qui avaient le même. D'où le diminutif adressé au cadet. Mais si celui-ci est un enfant comme tous les autres, il n'en est pas de même pour son frère aîné qui est "différent", a "oublié" d'apprendre à marcher et se déplace en fauteuil roulant, vit dans un monde à part et se prend, la plupart du temps, pour un oiseau. Jusqu'à présent Santino a toujours bien accepté la présence de Santo. Mais depuis quelques mois, depuis son entrée au collège très exactement, il a de plus en plus de mal à supporter l'attention de tous les instants que Santo requiert auprès de ses parents, les situations de crise dont son aîné est coutumier et qui le font passer, lui, Santino, au second plan, loin, très loin derrière Santo.

Alors, le jour où sa mère vient l'attendre à la sortie du collège avec Santo et que celui-ci devient l'objet de toutes les moqueries de ses camarades de classe, Santino craque. Dans sa tête aussi, un rêve étrange se glisse, celui de faire "disparaître" Santo. Et quand, la veille de Noël, Santino ne trouve plus la gentille lettre que lui a écrite la seule amie qu'il ait encore dans sa classe et qu'il a caché dans son petit coffre secret, celui-ci pense aussitôt à un mauvais tour que lui aurait (encore) joué son frère. La colère gronde, enfle, des idées de meurtre occupent l'esprit de Santino. Mais le lendemain, c'est Noël et, peut-être y a-t-il encore un peu de place pour sa magie dans le coeur de Santino?...

Par son sujet, cette nouvelle m'a singulièrement émue. J'en ai apprécié la délicatesse avec laquelle l'auteur a traité ce sujet de l'autisme et la place que les autres enfants doivent se faire au sein de ces fratries forcément différentes du schéma habituel. Les pensées les plus retorses, les plus viles y sont décrites en toute sincérité, sans faux-semblants. Oui, on a le droit de les éprouver. Mais cela ne veut pas forcément dire qu'on les pense ou qu'on va passer à l'acte. Et c'est ce qui est beau dans ce texte, d'une grande honnêteté et d'une sincérité bouleversante.

Je compte cette lecture-promenade pour le challenge de Samarian et Chicky Poo, pour le Christmas Time de MyaRosa et pour ma Bonne nouvelle du lundi bien sûr!

 

 

 

 

Santo e Santino
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S
un livre c'est tout ce qui était demandé donc tu as réussi. Par contre un recueil de nouvelle c'est pas pour moi
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M
Dommage!<br /> Mais tant mieux pour moi! ;-)
C
L'important, comme on dit, c'est de participer ;-) Je retrouve en plus dans ce que tu dis de ce livre le ton unique de la littérature italienne. Tu m'as donné envie de jeter un coup d’œil à ce recueil que, comme toi, j'ai la chance de pouvoir lire en vo.
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M
Chouette! Bonne lecture! Tu trouveras ce recueil en e.book sur le site de Sellerio! Merci
M
Quelle jolie découverte, Martine ! Merci de nous en parler. J'aurais adoré parler italien. C'est une langue que je trouve merveilleuse. Ce recueil semble plein d'émotions et le sujet de la nouvelle "Santo e Santino" me touche particulièrement puisque le sujet me touche de près... Voilà un recueil que j'aimerais beaucoup lire. Dommage qu'il ne soit pas traduit en français.
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M
Il n'est jamais trop tatd pour apprendre, Mya! Je m'y suis mise il y a seulement 2 ans.<br /> Heureuse de partager cette émotion avec toi. Je t'embrasse