Ô vous, soeurs humaines

Publié le par Martine

Ô vous, soeurs humaines

Cette semaine encore, c'est un recueil complet qui constitue ma "bonne nouvelle du lundi" et même mon unique bonne nouvelle de ce lundi. 

Unique parce qu'il est impossible de séparer, segmenter ce recueil signé Mélanie Chappuis, pour les éditions Slatkine&Cie, qui, bien que l'auteur l'ait elle-même décliné en plusieurs parties : Rivalités, Solidarités, Dualités, Complicités, Fidélités et Vanités, ne constitue finalement qu'une seule et même personne, une seule et unique femme. Nous. Nous toutes, femmes, individuelles et plurielles.

Enfant, fillette, jeune fille, jeune femme, femme, mère, dame âgée, tour à tour jalouse, soudée, envieuse, complice, fidèle, hautaine ou fière, parfois aimante, parfois cruelle, chaque protagoniste se révèle dans sa complexité et son authenticité.

Difficile en effet de trouver les mots justes pour parler de ce recueil singulier, qui nous prend aux tripes, nous remue, nous enveloppe, nous console, nous horrifie et nous fait douter. Douter de ce que nous sommes, de ce que nous pensons ou voulons être, de ce que nous aurions voulu faire ou ferions vraiment, si ...

De ce recueil, je retiens, plus fort encore que le reste qui atteint déjà des sommets d'émotions partagées et variées, je garde au coeur deux choses.

La première, c'est cette phrase que j'ai partagée de suite sur Facebook après l'avoir lue tellement le besoin d'exprimer cette émotion profonde s'est fait ressentir. Cette phrase, je vous la livre telle quelle, telle que vous pourrez la retrouver page 42, dans la troisième nouvelle de la partie "Solidarités" : "Pourquoi lui fais-tu prendre des risques, pourquoi voudrais-tu que les femmes aient les mêmes droits que les hommes, à nous la production, à vous la reproduction. (...)" Terrible, non? Ces mots, cette phrase, évidemment c'est un homme qui les, la, prononce. Un homme qui ne comprend pas qu'une femme, la sienne en l'occurrence, puisse souhaiter pour sa fille un destin autre que le sien, un avenir plus clair que celui qui fut le sien au même âge.

La deuxième, c'est la première nouvelle classée dans la partie "Dualités". Un texte qui se révèle terriblement cruel dans le sentiment de banalité qui y est exprimé. Banalité, banalisation de faits, de situations qui constituent parfois de simples faits divers et encore! seulement si les victimes osent en parler. Et pour simplement cela, quel courage doivent-elles avoir! 

Ce qui m'a le plus bouleversée à cette lecture, c'est tous les questionnements que ce récit a soulevé dans mon coeur de mère. Comment aurais-je réagi ou réagirai-je si ma fille vivait ce même drame. Oserait-elle me le dire, m'en parler? Est-ce que je me permettrais de la juger? Serais-je là à ses côtés pour l'épauler, la consoler, l'aider à se retrouver, à se reconstruire après un tel traumatisme? Je veux croire que oui, bien sûr, mais au fond qu'en sais-je? Rien. Il est facile alors de se positionner, de juger, mais à quel titre, de quel droit? Et si vraiment je tournais le dos, ne voulais pas l'écouter et préférais suivre l'opinion générale, qu'adviendrait-il réellement? Une vie détruite? Ou pire? Un oisillon prêt à s'envoler, tombé du nid...

Voilà toute la force de ce recueil écrit par une femme, qui parle des femmes, à d'autres femmes. Chaque partie est introduite par une petite discussion qui elle-même déjà pose question. Le reste ensuite coule de source, s'enchaîne sans que l'on puisse décrocher, happés comme nous le sommes par ces histoires, ces récits qui nous bouleversent, portés comme ils le sont par la puissance d'écriture de Mélanie Chappuis, par sa sensibilité à fleur de peau, à fleur de mots...

 

Ô vous, soeurs humaines
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A
un beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un enchantement.N'hésitez pas à venir visiter mon blog (lien sur pseudo)<br /> au plaisir
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M
C'est bon ces livres qui nous amènent à nous interroger !
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