Les copines

Publié le par Martine

Les copines

Une bonne nouvelle du lundi partagée un mardi, c'est permis?

Oui. Mais seulement si elle est aussi bonne que celle dont j'ai envie de vous parler aujourd'hui "Les copines", signée Aliénor Debrocq, et parue dans le deuxième (excellent) recueil "A voie basse" que la nouvelliste vient de publier chez Quadrature.

Prenez trois copines. Daphné, Zoé et la narratrice. Toutes les trois se connaissent depuis une dizaine d'années au cours desquelles elles ont tout partagé : les fous rires, les sorties, les déboires amoureux, les avancées professionnelles... Aujourd'hui, à 30 ans, le bilan est là : la narratrice est mariée avec Jean, jeune architecte, pour qui elle est devenue mère au foyer d'une petite fille et avec qui elle habite dans une jolie villa située en dehors de la ville. Zoé s'est mise en couple avec son voisin de palier, écologiste convaincu, de 10 ans de plus qu'elle, divorcé et père de deux enfants. Seule, Daphné, employée dans une grande banque, est toujours célibataire et continue de chercher son âme soeur, avec des critères bien précis : pas un "deuxièmes mains", comme Zoé, et pas, non plus, un homme qui l'éloignerait de son travail et de la ville, comme la narratrice.

Pourtant, ce jour-là, elles sont très heureuses de se retrouver toutes les trois chez la narratrice qui a invité Daphné et Zoé à faire la connaissance de sa fillette âgée de 4 semaines. Si un léger malaise s'installe après le plaisir exprimé des retrouvailles, celui-ci est de courte durée. Très vite, la conversation s'installe sur l'évocation des souvenirs et autres rappels des bons moments partagés au cours des dix dernières années. De quoi rassurer la narratrice, inquiète malgré tout des effets que leurs changements de situation personnelle auraient pu avoir sur leur belle amitié. Mais quelques jours plus tard, une malheureuse agression survenue à Daphné vient remettre en cause ce semblant d'équilibre retrouvé. La présence de Zoé et de la narratrice aux côtés de la jeune femme s'impose. Mais suffira-t-elle à sauver leur amitié? Rien n'est moins sûr. Surtout si le nouveau compagnon de Zoé se trouve mêlé de trop près à ce que vient de subir Daphné...

A l'image de cette très bonne nouvelle sur le thème de l'amitié et de l'arrivée du premier enfant au sein d'un trio de femmes amies avec tout ce que cela suppose de non-dits, d'envies, de rancunes et/ou de rivalités nouvelles, c'est l'ensemble de ce recueil d'Aliénor Debrocq qui m'a ému, bouleversé, interrogé, fait sourire et réfléchir.

J'ai été émue par les situations évoquées, de ces femmes, jeunes ou un peu moins, confrontées à la maternité pour la première fois, ou marquées par cette absence de maternité, désirée ou subie.

Bouleversée par ces personnalités, leur réflexion, leurs sentiments, ambigus parfois, troublants souvent, évidents (presque) toujours. Bouleversée par ce que ces situations ont évoqué chez moi de positif et de négatif, dans ma relation de mère à mes enfants et dans celle entretenue avec ma propre mère.

Interrogée par ces mêmes questions. Dans telle situation, je n'aurais pas réagi ainsi. Mais dans telle autre, oui, et c'est bien d'ailleurs ce que j'ai fait à ce moment-là. A raison? ou à tort? J'ai la réponse pour certaines. Pour d'autres, toujours pas. Et cette lecture a ravivé ces questionnements.

J'ai souri à certaines situations, qui mettent en évidence la réalité de la nouvelle vie à deux, ou à trois en comptant le père, qui s'installe à l'arrivée d'un enfant et aux premiers mois ensemble. J'ai souri un peu jaune. J'ai souri franchement. J'ai souri avec une pointe d'agacement. Mais le plus souvent j'ai souri avec la gorge un peu nouée parce que, c'est vrai, c'est ça, tellement ça, devenir mère.

Et puis la lecture de ce recueil m'a fait réfléchir aussi et m'amène à penser qu'à peu de de choses près, si j'en avais la possibilité, je ne changerais rien, j'agirais à l'identique.

Par ses mots simples et forts, par une belle écriture, vraie, sincère et authentique, Aliénor Debrocq nous offre un recueil de 13 nouvelles sur la maternité, du désir d'être mère, le fait de le devenir et tous les bouleversements et les remises en questions qui accompagnent ce passage. Ce qui m'amène à une dernière remarque, il n'y a pas de faute dans le titre du recueil et de la dernière nouvelle qui le compose "A voie basse". 

Je compte aussi cette lecture pour le Mois belge d'Anne et Mina.

 

 

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A
Eh bien, quel billet alléchant ! Je sais ce que je vais acheter à ma prochaine visite au stand Quadrature ! ;-)
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M
:-) Merci Anne!