Café des Solitudes

Publié le par Martine

Café des Solitudes

Pour ma première participation au rendez-vous hebdomadaire du lundi que je viens d'initier, j'ai choisi de vous parler de cette très bonne nouvelle de Frédérique Trigodet "Café des Solitudes", parue dans le dernier numéro du magazine "Nous Deux".

Plus connue sur la toile sous le pseudo de "Emma Bovary", Frédérique Trigodet est une ardente défenseure de ce genre littéraire ardu qu'est la nouvelle. Par ses écrits d'abord, qu'elle décline sur une large palette de couleurs allant du rose au très noir. Et par son militantisme ensuite qu'elle nous a fait partager à travers la regrettée revue "Prose" qu'elle a animée pendant quelques années.

Avec ce "Café des Solitudes", c'est le côté "romantique" de son écriture que Frédérique Trigodet nous invite à découvrir.

Charlotte, toute jeune quadra, vit de plus en plus mal une solitude qu'elle a pourtant choisie en affirmant son refus d'enfant. Espérant cependant rencontrer celui avec qui elle pourra partager sa passion pour la lecture et les moments de détente que lui laisse son activité d'agent immobilier, elle s'est inscrite sur un site de rencontres. Mais les rendez-vous successifs auxquels elle a répondu lui laissent de plus en plus un goût amer en bouche et la jeune femme se désole de cette situation. C'est d'ailleurs dans cet état d'esprit qu'elle se trouve ce jour-là, dans ce café du Coin, à Brest, après une ultime rencontre décevante. N'ayant rien programmé pour l'après-midi et la pluie aidant, Charlotte se laisse aller à la mélancolie et à la nostalgie de ce qui aurait pu être et n'a pas été. Cette triste attitude intrigue Ronan, juste passé boire une bière dans ce café. Attiré par la jeune femme, il n'écoute que l'élan de son coeur et offre une nouvelle consommation à Charlotte. Le contact passe bien de suite entre tous les deux, si bien même que leur conversation dure tout l'après-midi. Et les deux jeunes gens se quittent sur la promesse de se revoir la semaine suivante, même jour, même heure. Mais si Charlotte est bien présente au rendez-vous, ce n'est pas le cas de Ronan. Regrettant de s'être laissée aller ainsi à croire à un bonheur possible, la jeune femme décide alors de ne plus se "faire avoir" et de s'habituer définitivement à vivre seule. Mais la vie est ainsi faite que même les décisions les plus graves ne sont pas forcément tenues...

J'ai apprécié cette lecture plaisante, agréable pour la belle maîtrise d'écriture qu'elle révèle, pour la richesse de son vocabulaire et pour les thèmes qu'elle aborde.

Sans faux-semblants, Frédérique Trigodet parle en effet de la solitude choisie et témoigne du regard que l'on pose, peut-être malgré nous, sur ces femmes qui ne se sentent pas faites pour être mère. Pour qui l'est déjà, cette attitude peut paraître assez égoïste alors, qu'à mon avis, elle démontre un grand sens de la générosité. Etre mère ne va pas de soi. Je ne parle pas ici et il n'est absolument pas question dans cette nouvelle des femmes que la nature empêche, pour une raison ou une autre, de procréer. Non, ici, il s'agit d'un choix réfléchi et déterminé. Il n'y a pas de jugement à porter, simplement du respect à marquer. 

La rencontre entre Charlotte et Ronan sert de prétexte pour aborder ce thème délicat et je trouve cela remarquable. Portée en plus par une très belle écriture, cette nouvelle mérite vraiment d'être connue.

Café des Solitudes
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M
Je serai sans doute présente au rdv la semaine prochaine moi ;-))<br /> merci pour cette découverte.
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M
Eh bien en voilà une bonne nouvelle! Merci Manika! Je t'inscris donc...
L
et bien je m'empresse de noter! merci pour la découverte! et merci pour ce chouette RDV!
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M
Je suis ravie de te compter parmi les premières inscrites! Merci à toi!
H
Merci pour ce nouveau rendez-vous ; et merci de nous faire découvrir des auteurs moins connus..
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M
Avec plaisir, Hélène! Hâte de t'y retrouver lundi prochain! Merci
E
La Bovary te dit merci Martine! C'est aussi grâce à des gens comme toi que je continue à écrire. :)
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M
Surtout, n'arrête jamais! Merci!!!