Et ils s'envoyèrent en l'air
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Mieux qu'une séance de cinéma, cette comédie romantique à souhait, au titre prometteur "Et ils s'envoyèrent en l'air" offre un délicieux moment de dépaysement et de détente assuré, sans quitter son fauteuil! Paru au printemps dernier aux Presses de la Cité, ce roman drôle et rythmé d'imprévus et de situations toutes plus cocasses et drôles les unes que les autres est signé Elizabeth Maxwell, une auteur que j'espère bien relire un jour tant son écriture et son style sont revivifiants. Jugez plutôt! Sadie, 46 ans, vit dans une banlieue cossue des Etats-Unis. Divorcée d'un mari homosexuel, elle élève quasiment seule sa fille Allison, 11 ans et toutes les joies de la préadolescence réunies. Pour ses voisins bien-pensants, Sadie est une petite auteur de bluettes sentimentales à l'eau de rose. Mais, en vérité, sous le pseudonyme de K.T. Briggs, elle signe de sulfureux romans érotiques qui lui valent de confortables revenus. Malgré la présence également de sa chienne Perkins dont il lui faut aussi prendre soin et cette vie bien remplie, Sadie s'ennuie et commence à trouver qu'elle s'enlise drôlement entre toutes ces occupations quotidiennes qui n'ont rien d'exaltantes. Comme ses héroïnes de papier, Sadie rêve de rencontrer l'amour, le vrai, le grand ou, tout au moins, de vivre encore une belle histoire qui la comblerait aussi bien physiquement que sentimentalement. D'autant plus qu'elle voit la cinquantaine arriver à grands pas et que, pense-t-elle, il y a urgence! Alors Sadie s'inscrit sur un site de rencontres sur Internet et fait la connaissance de Jason qui n'a pas d'autre objectif que de s'offrir un "cinq à sept" régulièrement. Ce nouveau programme pourrait satisfaire momentanément Sadie si Jason correspondait davantage à ses critères de beauté au masculin. Hélas! ce n'est pas le cas. Mais comment reprocher à un homme les défauts physiques que l'on affiche soi-même en toute complaisance? Difficile. Alors Sadie se résigne. Jusqu'au jour où, alors qu'elle fait ses courses dans son supermarché habituel, elle tombe nez à nez avec Aidan Hattaway, beau comme un dieu, sexy en diable, richissime et... complètement perdu dans cet endroit qu'il ne fréquente jamais. Bien sûr Sadie s'empresse de l'aiguiller dans le dédale de la grande surface. Tout est donc parfait, pensez-vous sans doute avec raison. Oui, cela se pourrait. Sauf que... Aidan est le dernier héros masculin en date créé de toutes pièces par Sadie pour son nouveau roman. Et que, à ce niveau, on ne sait plus ce qui relève de la réalité ou de la fiction. Si ce n'est ... une police de caractères autre et les fou-rires qui nous prennent par surprise et nous entraînent à vouloir à tout prix savoir comment notre Sadie va réussir à se sortir de cet imbroglio hilarant. Quand j'ai commencé à lire ce roman hier soir, je savais par la quatrième de couverture qu'il allait m'offrir un bon moment de lecture. Mais mon pressentiment s'est révélé bien faible face à ce qui m'attendait. Un récit comme une discussion entre Sadie et ses lecteurs, des extraits de son roman en cours d'écriture intimement liés à sa vie quotidienne, ses assurances, ses doutes, ses craintes, ses espoirs, rien ne nous est épargné et surtout pas l'humour et l'autodérision qui dominent, qui imprègnent cette histoire. Avec Elizabeth Maxwell, on ne se prend pas au sérieux. On se laisse porter par les événements aussi saugrenus soient-ils et surtout on rit. On rit. Et on en redemande!